Accueil Economie Supplément Economique Entretien l Mme Namsoon Lee, Directrice pays de la Koica en Tunisie : «La Corée continue d’apporter son soutien à la Tunisie»

Entretien l Mme Namsoon Lee, Directrice pays de la Koica en Tunisie : «La Corée continue d’apporter son soutien à la Tunisie»

 

L’Agence coréenne de coopération internationale (Koica) fête son 32e anniversaire. Nous avons profité de cette occasion pour jeter la lumière sur la coopération tuniso-coréenne et les nouveaux projets de la Koica en Tunisie, ainsi que les projets phares, tels que Tuneps et E-learning, et ceux dédiés au soutien des efforts déployés pour la création de l’emploi et des TIC. Le dernier projet de l’agence, dont nous parle dans cet entretien la directrice pays de la Koica, Mme Namsoon Lee, est focalisé sur «l’amélioration du système d’information publique sur la propriété industrielle en Tunisie», qui s’étalera sur quatre ans (2023 à 2026). Les programmes de coopération ne cessent d’être renforcés entre les deux pays…

La coopération entre la Tunisie et la Corée est axée sur le volet technique et les plateformes E-learning et des marchés publics, Tuneps, en l’occurrence. Quels sont les contours de cette coopération ?

Concernant le projet Tuneps, l’Agence coréenne de coopération internationale, Koica, et la Haute instance de la commande publique, Haicop, sont en train de mettre en œuvre la deuxième phase du projet qui s’étend sur la période 2019-2023, moyennant un budget total de 2.5 millions de dollars américains et financé par la Koica sous forme de don. Cette phase vise à améliorer le système de passation électronique des marchés publics grâce à la mise en œuvre du système de virtualisation, à renforcer le système de diagnostic et d’authentification «PKI» de l’infrastructure actuelle, à développer le système d’application / Web mobile Tuneps et à renforcer les capacités des utilisateurs. Actuellement, le processus d’acquisition des équipements ainsi que le développement de la nouvelle version de Tuneps (serveurs, équipements de cryptage et de décryptage) sont en cours de réalisation. Il est prévu que cette nouvelle version sera finalisée avant la fin de l’année 2023. Le projet E-learning, financé par la Koica, est un projet ambitieux visant à promouvoir et faciliter le développement de carrière des fonctionnaires en offrant un apprentissage riche, tout en réduisant l’inégalité (concernant les opportunités de formation entre les fonctionnaires masculins et féminins, travaillant dans la capitale et les régions locales). Le projet s’articule autour de quatre axes principaux. Le premier consiste en des formations sur invitation en Corée pour renforcer les capacités des fonctionnaires de l’administration centrale et locale. Il s’agit de deux types de programmes de formation visant à améliorer la capacité de planification et d’apprentissage en ligne et à saisir les tendances du marché et de la technologie. Ce premier axe s’adresse aux représentants du comité de pilotage, aux cadres et aux hauts fonctionnaires des organisations membres du comité de pilotage, tels que la CFAD, l’Institut diplomatique, l’UVT, l’ENF, et d’autres qui sont sous la houlette de la présidence du gouvernement.  Le deuxième axe est destiné au personnel en activité, visant à développer les connaissances et la technologie de base ainsi que les compétences nécessaires pour progresser le contenu, exploiter et utiliser la plateforme. Le projet consiste en fait à mettre en œuvre la plateforme nationale d’apprentissage en ligne, e-learning, et fournir les équipements nécessaires à son exécution. Des experts coréens ont été mobilisés pour identifier les besoins et assurer une mise en œuvre réussie. Le troisième axe du projet consiste en la collaboration avec les assignés de l’Ecole nationale d’administration (ENA), pour le développement des contenus de l’e-learning. Avant la mise en place de la plate-forme, un programme de formation local sera mené pour assurer une bonne compréhension et un développement adéquat des contenus.  Le quatrième et dernier axe du projet est celui de la construction d’un centre de contenu (LAB et studio) pour le développement interne des cours et des activités liées à l’e-learning. Ce centre renfermera une salle de contrôle, des salles de production et d’édition, un laboratoire de contenu multifonctionnel et de matériel fixe afin de développer des cours d’apprentissage en ligne. Tous ces équipements du studio pour l’e-learning seront fournis dans le cadre de ce projet. Grâce au financement de la Koica, l’Ecole nationale d’administration disposera d’une plateforme d’apprentissage en ligne efficace et d’un personnel formé pour son utilisation et son développement continu. Le projet d’e-learning contribuera à améliorer la qualité de l’enseignement et de la formation dans la filière administration publique.

La passation des marchés publics en Tunisie est devenue obligatoire depuis quelques années via la plateforme Tuneps. En quoi consiste la deuxième phase de ce projet et quel sera l’apport de la Koica dans cette mise à jour ? De même pour e-learning, une idée sur l’état d’avancement de sa mise en œuvre...

Concernant le projet Tuneps et ses phases pilotes, le décret du 11 mai 2018 a rendu la passation électronique des marchés publics via ce projet obligatoire pour toutes les entités, y compris les communes. Cependant, comme l’infrastructure initiale installée pour la plateforme Tuneps a dépassé les 10 ans, et avec la généralisation du système et le grand nombre d’utilisateurs qui ne cesse d’accroître, des problèmes techniques sont rencontrés fréquemment.  En réponse à ces enjeux, et après des consultations avec la Haicop en 2019, une deuxième phase du projet Tuneps a été lancée avec un budget total de 2.5 millions de dollars américains, financé par la Koica. Il vise à améliorer le système de passation électronique des marchés publics grâce à la mise en œuvre du système de virtualisation, à renforcer le système de diagnostic et d’authentification (PKI) de l’infrastructure actuelle et à développer le système d’application / Web mobile Tuneps.

Ces améliorations techniques permettront une utilisation fluide du système Tuneps et répondront à la demande accrue des utilisateurs dont les acheteurs publics, les fournisseurs de biens et de services, la Haicop, et bien d’autres.  Il est important de rappeler que le gouvernement coréen continue d’apporter son soutien au gouvernement tunisien dans le secteur de la passation des marchés publics, à travers d’autres programmes de coopération qui seront mis en place en collaboration avec les institutions compétentes en la matière dans les deux pays. La Koica et la Haicop sont en train de préparer un programme de coopération trilatérale, entre la Corée, la Tunisie, l’Afrique et le Moyen-Orient, à travers le partage et l’échange des expériences réussies des systèmes coréen et tunisien de passation électronique des marchés.

Concernant le projet e-learning, les formations sont en cours de mise en place, le premier cycle destiné au personnel a eu lieu le dernier trimestre 2022 et celui au profit des managers aura lieu au début du second semestre 2023.

Soutenir la création d’emplois pour les jeunes et les femmes en Tunisie est parmi les priorités d’une coopération focalisée sur l’amélioration de l’employabilité. Pouvez-vous nous donner d’amples éclairages sur ce volet?

Concernant la création d’emplois pour les jeunes et les femmes, l’Agence coréenne de coopération internationale, Koica, et l’Organisation internationale du travail, OIT, collaborent conjointement dans le cadre d’un projet intitulé «Renforcer l’impact des politiques de l’emploi et soutenir la création d’emplois basés sur les TIC pour les jeunes et les femmes en Tunisie-IPTIC». Ce projet, qui s’étend sur quatre années, du 1er décembre 2021 au 30 novembre 2025, et qui est financé par la Koica et mis en œuvre par l’OIT, est une continuité du projet EDJEF mis en œuvre par l’OIT, visant à promouvoir le travail décent pour les jeunes et les femmes en Tunisie.  Le nouveau projet de coopération s’inscrit pleinement dans le contexte tunisien, notamment le contrat social (2013) et la Déclaration de Tunis pour l’emploi (2016), et dans le contexte international : les Objectifs de développement durable, ODD, et le nouveau cadre de coopération des Nations unies 2020-2025.

Les objectifs de ce projet sont multiples. Primo, il vise le développement des compétences professionnelles et interpersonnelles des demandeurs d’emploi tunisiens grâce à une combinaison d’évaluations personnalisées, de compétences générales et de formations techniques. Secundo, il y a l’identification des secteurs clés des TIC à fort potentiel de création d’emplois et de développement économique, et qui sont confrontés à des contraintes de croissance en raison de la rareté des compétences requises, tant quantitatives que qualitatives. Aussi, il vise l’orientation des demandeurs d’emploi vers les secteurs clés des TIC en identifiant les profils adaptés à ces secteurs et en leur offrant des formations complémentaires et de reconversion. Et il y a l’apport d’un soutien aux autorités locales et aux partenaires sociaux et l’adoption d’une approche décentralisée de la promotion de l’emploi. Le ministère de l’Emploi et de la Formation professionnelle, ainsi que les partenaires sociaux, la centrale syndicale, l’Ugtt et celle patronale, l’Utica, sont impliqués dans le projet au niveau central, au niveau du comité de pilotage du projet, et aussi au niveau régional dans les gouvernorats cibles du projet.

La propriété industrielle et intellectuelle fait elle aussi l’objet d’un projet dans l’avenir. Quelles seront alors ses composantes et qui seront les bénéficiaires ?

Le projet «Amélioration du système d’information publique sur la propriété industrielle en Tunisie», qui durera 45 mois (2023 à 2026), vise à renforcer les capacités des responsables de la propriété industrielle et à sensibiliser le public en fournissant de meilleurs services publics. Le premier objectif du projet est de renforcer les capacités et la gouvernance de l’administration publique en utilisant efficacement le système de propriété industrielle. Pour y parvenir, le projet prévoit d’établir un système et un sous-système administratifs IP, ainsi qu’un système de support d’administration IP et un système de numérisation de documents IP. En outre, un système de recherche d’examinateurs sera établi. Un système et un sous-système IP pour le public seront également créés, qui comprendront un portail de services en ligne et un système de recherche pour le public.

Le deuxième objectif du projet est d’améliorer la sensibilisation aux droits de propriété intellectuelle et le niveau des services publics en fournissant une meilleure accessibilité aux informations sur les droits de propriété intellectuelle au public. Pour atteindre cet objectif, des ateliers de renforcement des capacités et des formations seront organisés pour l’Innorpi et les utilisateurs. Des séminaires scientifiques ainsi que des ateliers pour les femmes et les startup seront également organisés.

Le projet devrait avoir un impact significatif sur l’environnement des affaires en Tunisie, en améliorant l’efficacité de l’administration et en renforçant la protection des droits de propriété industrielle.

Le renforcement des capacités des fonctionnaires d’Etat tunisiens est un volet aussi important dans la coopération tuniso-coréenne. Quel est l’objectif que vous avez assigné pour réussir cette démarche ?

En particulier, les formations organisées par le bureau Koica en Tunisie visent à transférer le savoir-faire coréen pour le développement socioéconomique dans tous les secteurs. Les formations dépendent des besoins réels de la Tunisie et couvrent divers secteurs, tels que l’éducation, la santé, la gouvernance, l’agriculture, la sylviculture et la pêche, les TIC, l’industrie et l’énergie, l’environnement, le changement climatique, la gestion publique, les ressources humaines, l’innovation technologique, la propriété intellectuelle, le transport, etc.Ces dernières années, la Koica a proposé plus de 40 programmes de formation différents à environ 1.600 fonctionnaires publics, chercheurs et techniciens tunisiens. Il est également important de noter que plus de 42 fonctionnaires tunisiens ont bénéficié du programme de Master avec des bourses d’études dans différents secteurs, c’est un programme dédié aussi aux fonctionnaires d’Etat.

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